Le 15 janvier marque une étape cruciale pour les élèves de terminale : l’ouverture des inscriptions sur Parcoursup. Pour de nombreux jeunes, c’est une période marquée par l’excitation et la réflexion sur leur avenir. Mais pour les sportifs de haut niveau, ce moment peut aussi devenir un véritable défi. Entre un emploi du temps surchargé entre entraînements, compétitions et études, la gestion de cette double vie exigeante met à l'épreuve leur organisation et leur détermination. Et pourtant, dans ce contexte, le processus d’admission post-bac reste parfois difficile à adapter à leur réalité spécifique.

 

Les établissements d’enseignement supérieur évaluent traditionnellement les dossiers scolaires selon des critères académiques classiques. Toutefois, concilier un emploi du temps scolaire avec les exigences sportives de haut niveau requiert une organisation exemplaire et une rigueur de tous les instants. Bien que des initiatives émergent pour tenir compte du parcours atypique des sportifs, la reconnaissance des contraintes liées aux déplacements, aux compétitions et au stress inhérent à leur double engagement reste souvent insuffisante.

Des exemples comme celui de Lucie, étudiante en STAPS à Marseille et karatéka professionnelle, illustrent cette difficulté. Lucie a témoigné pour France 3 de son parcours semé de sacrifices pour maintenir son niveau scolaire et sportif, soulignant sa stupéfaction face à l'absence de prise en compte de ces efforts dans le classement pour l’entrée en STAPS. Ces situations témoignent des obstacles auxquels de nombreux sportifs sont confrontés.

Cependant, un changement est perceptible. De plus en plus de formations et d’établissements commencent à prendre conscience des sacrifices consentis par les sportifs et tentent d’adapter leurs cursus pour mieux concilier études et performance. Des universités comme celles de Lyon, Paris-Saclay, Grenoble, Montpellier, Rennes (et d’autres encore) proposent désormais des parcours aménagés, des options flexibles, voire des études à distance. Parallèlement, des programmes comme l'INSEP collaborent avec des universités pour offrir des parcours dédiés à ceux qui souhaitent concilier leur carrière sportive avec une formation académique.

Des établissements tels que l’INSA ou l’EM Lyon, partenaires de Ween Hub, accueillent un nombre croissant de sportifs et mettent en place des dispositifs adaptés, comme des horaires aménagés ou des modules dédiés, afin de mieux accompagner ces jeunes dans la gestion de leur double carrière. 
Nous avons interrogé Gérard Vaillant, Responsable de la section "Excellence Sportive" de l'INSA, qui a pu nous en dire un peu plus sur les recrutements dans les filières spécialisées, notamment à l'INSA :

Q: Quelle est la procédure de recrutement pour les sportifs de haut niveau souhaitant intégrer une école comme l'INSA via Parcoursup ?
R: Les écoles telles que les INSA, notamment pour leur sélection sportive de haut niveau, recrutent également via Parcoursup. Lorsque les candidats choisissent un vœu pour les INSA, ils ont accès à un portail spécifique aux INSA, où ils peuvent indiquer quels établissements sont compatibles avec leur projet de formation.

Q: Comment les étudiants sportifs de haut niveau choisissent-ils leur parcours en fonction des départements et des spécialités proposées ?
R: Les étudiants sportifs de haut niveau choisissent souvent leur parcours en fonction des départements et des spécialités proposées par les différentes écoles. Par exemple, ils peuvent être amenés à se diriger vers des villes comme Lyon, Toulouse, Rennes, Rouen, Strasbourg, ou encore la région Centre-Val-de-Loire, en fonction des opportunités spécifiques offertes dans chaque lieu. Ce choix peut être influencé par le type de formation, les spécialités de chaque établissement, mais aussi par la compatibilité avec leur projet sportif.

Q: Comment les sportifs de haut niveau peuvent-ils exprimer leur candidature spécifique pour intégrer une école comme l'INSA ?
R: Ils pourront également exprimer leur projet sportif et leur niveau dans un dossier de candidature spécifique destiné aux sportifs de haut niveau.

"Cela permettra de déterminer s'ils sont éligibles à intégrer cette section, dans laquelle leur parcours sportif sera valorisé."

Q: Quels facteurs peuvent contribuer à l'échec d'un étudiant sportif de haut niveau malgré un bon niveau initial ?
R: Pour autant, certains étudiants, bien qu'ayant le niveau, échouent en raison de la pression, notamment en mathématiques, qui est particulièrement forte en début d'année scolaire. Des étudiants ayant d'excellentes notes peuvent se retrouver en difficulté face aux contrôles de connaissances dès le mois de novembre, portant sur le programme des premiers mois de scolarité.

 

Les mondes du sport et de la formation doivent encore mieux se comprendre. Les institutions académiques doivent intégrer de manière plus complète la réalité des sportifs de haut niveau, notamment les sacrifices nécessaires pour concilier sport et études. De son côté, le monde du sport devrait renforcer la sensibilisation à l’importance des parcours académiques, qui permettent de préparer l’après-carrière des sportifs.

Les compétences développées par les sportifs sont souvent sous-évaluées, mais elles représentent un véritable atout dans le monde professionnel. Gestion de la pression, organisation, discipline, travail d’équipe, leadership, résilience et persévérance sont autant de qualités qui peuvent enrichir un parcours académique et professionnel. Ces compétences commencent à être reconnues par certains établissements et recruteurs, mais leur valorisation pourrait encore être renforcée dans les processus d’admission. 

 

 

Évoluer dans un double cursus peut isoler le sportif de haut niveau, qui se retrouve dans un univers différent de celui de ses camarades. Entre les absences répétées pour les entraînements ou les compétitions et une routine plus exigeante, il est parfois difficile de tisser des liens ou d’être pleinement intégré dans son groupe. Ce sentiment d’isolement peut être exacerbé par un manque de considération de la part des institutions, qui ne valorisent pas toujours à sa juste mesure l’investissement considérable que représente un tel parcours.

Ce décalage peut entraîner une dévalorisation personnelle et un impact psychologique important. La pression pour performer à la fois sur le plan sportif et académique, combinée à un sentiment d’incompréhension ou d’injustice, peut peser lourd sur le moral. Il est donc crucial d’accompagner ces jeunes, non seulement sur le plan pratique, mais aussi en leur offrant un soutien psychologique et en sensibilisant leur entourage académique et sportif à leurs besoins spécifiques.

 

Il existe déjà des initiatives visant à mieux intégrer les sportifs de haut niveau dans le monde académique. Les établissements qui proposent des cursus aménagés et des options d’apprentissage flexible facilitent grandement la vie des étudiants-athlètes. Néanmoins, des pistes d’amélioration subsistent pour rendre l’accès à l’enseignement supérieur plus inclusif et équitable.

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C’est un des constats qui a conduit à la création de l’association, qui vise à apporter des solutions concrètes pour accompagner ces sportifs dans la gestion de leur double parcours.

Loin d’imposer un modèle unique, Ween Hub aide les sportifs à naviguer entre ces deux mondes en leur offrant un accompagnement sur mesure. En collaborant avec des établissements académiques et des experts, l’association cherche à faire reconnaître les compétences développées dans le sport, telles que la gestion du stress, l’organisation, la persévérance ou le leadership, et à faciliter leur prise en compte dans les parcours académiques. Son objectif est de permettre aux sportifs de réussir non seulement dans leur discipline, mais aussi dans la construction de leur avenir professionnel.

Ween Hub se veut ainsi un acteur facilitateur, en offrant des conseils pratiques et un espace d’échange où les sportifs peuvent trouver soutien et inspiration pour concilier au mieux leurs engagements sportifs et académiques.

 

Si des progrès sont réalisés, notamment grâce à des parcours aménagés et un soutien spécifique, il reste encore des obstacles à surmonter. L'intégration des sportifs dans le système académique continue de nécessiter des ajustements pour qu’ils puissent pleinement concilier leurs carrières sportives et académiques. Les choses avancent, mais accompagner ces jeunes talents dans leur parcours reste un défi qu’il faudra relever pour un avenir plus juste et épanouissant.