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Le combat des sportives pour l'égalité

Actualités

Derrière chaque performance, une lutte pour l’égalité.

Publié le 07/03/2025

Le 8 mars, mettons en lumière les défis des sportives de haut niveau : inégalités salariales, obstacles physiques et conciliation entre carrière et vie personnelle. Découvrez comment elles repoussent les limites pour obtenir la reconnaissance qu’elles méritent.

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, est l’occasion idéale pour mettre en lumière les défis persistants auxquels font face les femmes dans le sport de haut niveau. Malgré des avancées notables, les obstacles demeurent nombreux, qu’il s’agisse de la reconnaissance, de la rémunération ou de la gestion de leur carrière.

 

Un monde du sport encore dominé par les hommes

 

Le sport, à l’instar de nombreux autres secteurs, reste largement dominé par les hommes. Pour une femme évoluant dans ce milieu, le chemin vers la reconnaissance est semé d’embûches. Elle doit non seulement exceller dans sa discipline, mais aussi constamment prouver sa légitimité face à des stéréotypes bien ancrés. De nombreux sports sont encore perçus comme “masculins”, reléguant les performances féminines au second plan en termes de couverture médiatique, de reconnaissance du public ou de soutien financier.

 

Par exemple, en 2019, seulement 3 % des investissements dans le sport étaient destinés au sport féminin, principalement en tennis et en football.

Amélie Mauresmo en est un exemple frappant. Malgré son immense talent et son statut d’ancienne numéro 1 mondiale, elle n’a jamais bénéficié des mêmes revenus que ses équivalents masculins du circuit ATP. Si le tennis est l’un des rares sports à avoir instauré l’égalité des prize money dans certains tournois majeurs, la réalité reste bien différente en dehors des Grand Chelem. Après sa carrière de joueuse, elle a également dû affronter le scepticisme lorsqu’elle est devenue entraîneure d’Andy Murray – une femme coachant un joueur masculin étant encore une rareté dans le milieu. Un rappel brutal que, même en dehors des terrains, l’égalité est encore loin d’être acquise.

 

Le combat pour l’égalité salariale

 

Les différences salariales entre hommes et femmes dans le sport sont abyssales, révélant une injustice persistante. En 2011, une seule femme, Maria Sharapova, figurait dans le top 50 des sportifs les mieux payés au monde, l’essentiel de ses revenus provenant de partenariats, notamment avec Nike. La même année, Forbes indiquait que les dix sportives les mieux rémunérées au monde recevaient 113 millions de dollars en un an, contre 449 millions pour les dix hommes les mieux rémunérés.

 

Dans le football, les écarts sont encore plus flagrants. En 2012, un joueur moyen de Ligue 1 en France gagnait environ 45 000 euros par mois, tandis que la rémunération mensuelle la plus élevée au Paris Saint-Germain féminin était de 10 000 euros. Lotta Schelin, joueuse la mieux payée de l’Olympique lyonnais à l’époque, recevait 30 000 euros par mois.

Ada Hegerberg, première lauréate du Ballon d’Or féminin, en a fait également l’amère expérience. Bien que son talent soit indéniable, elle a longtemps dû se battre pour que le football féminin bénéficie d’un minimum de reconnaissance. Son refus de jouer pour l’équipe nationale norvégienne pendant plusieurs années était un acte de protestation contre les inégalités de traitement entre les hommes et les femmes dans son sport. Une décision forte, révélatrice d’une réalité où, même au sommet, une athlète doit encore revendiquer l’évidence : son droit à être prise au sérieux.

 

Les défis physiques supplémentaires : règles et hormones

 

Les femmes sportives font face à des défis physiques uniques, souvent sous-estimés ou ignorés. La gestion du cycle menstruel et des fluctuations hormonales joue un rôle crucial dans la performance, l’entraînement et la récupération. Crampes, fatigue accrue, variations de force et de coordination sont autant de réalités biologiques que les athlètes doivent apprendre à maîtriser, sans pour autant bénéficier d’un encadrement adapté.

L’histoire d’Allyson Felix, légende de l’athlétisme et multiple médaillée olympique, illustre un autre défi physiologique auquel les femmes sportives doivent faire face : la maternité. En 2018, lorsqu’elle est tombée enceinte, elle a non seulement dû gérer les transformations physiques de son corps, mais aussi affronter le manque de soutien de ses sponsors, notamment Nike, qui menaçait de réduire son contrat au moment où elle en avait le plus besoin. Malgré cela, elle est revenue plus forte, prouvant qu’il était possible d’être mère et championne de haut niveau. Mais son combat a mis en lumière une réalité préoccupante : les structures sportives et les marques, pourtant promptes à valoriser la puissance des athlètes féminines, sont encore loin d’intégrer pleinement les enjeux liés aux hormones et aux spécificités du corps féminin.

 

Alors que les athlètes masculins bénéficient d’un suivi médical millimétré pour prévenir et traiter leurs blessures, les problématiques hormonales et menstruelles restent un angle mort du sport de haut niveau. Pourtant, une meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait transformer l’entraînement des sportives, leur permettant d’exploiter pleinement leur potentiel sans avoir à se battre contre leur propre corps. Car si les défis physiques sont inévitables, l’ignorance qui les entoure, elle, ne devrait plus l’être.

 

Jongler entre carrière sportive et vie personnelle

 

Être une athlète de haut niveau, c’est bien plus qu’une simple carrière : c’est un engagement total, une discipline de chaque instant. Mais pour celles qui décident de fonder une famille tout en poursuivant leur parcours sportif, l’équilibre devient un défi permanent. Entre les attentes sociétales qui associent encore trop souvent la maternité au renoncement professionnel et les exigences d’un entraînement quotidien, ces femmes doivent faire face à une pression que leurs homologues masculins connaissent rarement. Si certains sports permettent une relative flexibilité, d’autres exigent une disponibilité totale, rendant la conciliation entre carrière et maternité complexe, parfois même impossible.

La double carrière est déjà un véritable défi à gérer, entre exigences professionnelles et performances sportives. Mais lorsque l’on ajoute la charge mentale de la parentalité et la gestion du quotidien, cela devient encore plus complexe. Pour ceux qui ne pratiquent pas le sport à haut niveau, cela reste difficile, alors imaginons l’intensité de la situation pour un sportif de haut niveau. En moyenne, les footballeurs prennent leur retraite entre 33 et 36 ans, tandis que les joueurs de tennis peuvent continuer jusqu’à 38 ans. Parallèlement, l’âge moyen pour avoir un premier enfant en Europe est de 29 ans et de 26 ans aux États-Unis. Cela signifie que de nombreux sportifs de haut niveau et professionnels ont vécu cette ascension tout en élevant des enfants, parfois même en bas âge, et on leur demande de continuer à performer. Souvent, cela inclut également un projet parallèle, comme une autre carrière, tout en répondant aux attentes sociétales en tant que mère, c’est-à-dire être disponible et attentionnée envers ses enfants. Cette réalité est encore trop peu abordée. J’ai eu l’opportunité d’échanger avec une ancienne sportive qui m’a raconté ses défis en tant que mère célibataire : continuer à pratiquer son sport, développer son entreprise, tout en élevant deux enfants. Ce fut un véritable défi, et c’est le quotidien de nombreuses mères qui, malheureusement, ne bénéficient pas de la reconnaissance qu’elles méritent. En cette journée des droits des femmes, il est grand temps de mettre en lumière cette réalité, que ce soit dans le monde du sport ou dans la vie de tous les jours. Et encore plus dans le monde du sport, où la performance est souvent considérée comme la seule valeur, définissant les carrières et les parcours.

 

Des progrès, mais un long chemin à parcourir

 

Bien sûr, des progrès ont été réalisés : la visibilité des femmes dans le sport a augmenté, certains sports féminins attirent de plus en plus de sponsors, et les rémunérations tendent à se rapprocher de celles des hommes. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour garantir une véritable égalité. L’égalité des salaires, la reconnaissance des performances féminines et la prise en charge des spécificités physiologiques des sportives doivent être au cœur de ce changement. Les femmes dans le sport, loin de se contenter des progrès réalisés, continuent de briser les barrières et de redéfinir ce qu’il est possible d’accomplir.

 

Le sport de haut niveau n’est pas seulement un lieu de compétition. C’est aussi un miroir de la société, où les femmes, comme dans tant d’autres domaines, doivent encore prouver qu’elles ont leur place. Elles ne demandent pas la charité, mais une reconnaissance de leur travail acharné et de leur mérite.

 
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