Entretien avec un expert de Ween Hub.

Raphaël Frasca est coach et préparateur mental et a monté sa propre entreprise – Reflex Mental – pour accompagner des publics traversant des challenges à haute intensité. Sa spécialisation dans la psychologie du sport, l’application des neurosciences à l’apprentissage et sa carrière de management pour une major mondiale de la santé lui ont permis de développer une expertise dans trois domaines particuliers : le sport, l’entreprise et la santé. 

« Comment rester performant dans un contexte dégradé ? J’essaye d’y répondre à travers mes accompagnements et mes expériences personnelles. »

 

Expert - Raphaël Frasca

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

J’ai eu la chance de connaître les joies de la compétition grâce au Rugby qui m’a, très jeune, fait découvrir la vie et entrevoir d’autres facettes de moi-même. Le Rugby m’a permis de connaître un condensé de vie, d’émotions fortes. 

Les bonnes avec un championnat de France remporté chez les jeunes, des défis, la peur à surmonter, les blessures, des déceptions à essuyer. Et les très bonnes avec des amitiés de presque 40 ans!

En 2001, j’ai déclaré une maladie auto-immune qui a définitivement clos ce chapitre de ma vie. J’ai du alors retrouver une identité, remplir ce vide, et créer une nouvelle vie.

J’ai ensuite été amené à réaliser une carrière dans l’industrie pharmaceutique. J’ai gravi les échelons pour arriver au niveau d’un Directeur des ventes dans une major mondiale de la santé.

Les compétences acquises par le biais du sport m’ont bien servi pour accomplir cette carrière, mais il m’a aussi fallu m’adapter à ce nouvel environnement, ces nouveaux codes et enjeux.

J’ai dû réaliser, au fur et à mesure de mon parcours, les erreurs que j’avais faites dans le sport. Des erreurs dont je n’avais pas conscience jusqu’alors. J’ai pu les vivre autrement, les travailler et les analyser. Il s’agissait de schémas personnels, de préférences de comportement ou de pensée qui engageaient mes compétences, mais aussi ma relation aux autres. 

Alors Manager, je me suis aperçu que dans des situations un peu tendues, dans un contexte plus compliqué économiquement, il était nécessaire d’optimiser la performance de chacun des éléments de ses équipes, et qu’on ne pouvait certainement pas y arriver par un formatage brutal. Il fallait être un peu plus astucieux et comprendre ce qui fait la différence entre « je sais faire », et « je fais ». C’est plus simple, plus efficace, plus humain et plus économique que de changer l’équipe !

C’est pourquoi je me suis formé au coaching et à la préparation mentale, sur l’approche individuelle mais aussi sur l’approche collective. Cela m’a permis de tester des choses. Cela a été satisfaisant de voir comment on construit une équipe, on la monitore, on la voit se transformer, s’autonomiser et être à l’œuvre. 

J’ai suivi un Diplôme Universitaire à la Faculté de Dijon, « D.U Coaching et Performance mentale ». J’ai été notamment formé à la Méthode Target®, une modélisation de la préparation mentale et de ses approches. Je trouve ce modèle intelligent et pragmatique car il arrive réellement à connecter les choses entre elles et à donner les outils adéquats. 

Ensuite j’ai eu d’autres influences, et j’ai notamment passé deux certificats auprès du FC Barcelone qui a une cellule de recherche, de développement et d’enseignement en lien avec les universités de Catalogne. 

D’une part, un certificat de psychologie du sport pour le développement de l’athlète. Ce qui est intéressant de ce point de vue là, c’est réellement d’avoir une approche universitaire de psychologie, qui prend en compte le sportif de haut niveau, du plus jeune âge jusqu’à sa retraite sportive et au-delà. 

D’autre part, en termes de préparation mentale pure, l’aspect « neurosciences » m’intéressait particulièrement. C’est pour cela que j’ai suivi en parallèle un certificat de neurosciences appliquées à l’entraînement. Cela me permet de mon côté de concrétiser des travaux entamés sur l’utilisation de l’imagerie mentale dans l’amélioration de la récupération fonctionnelle du blessé. (Mémoire de DU supervisé par le Dr Jacques Fradin).

De nombreuses études montrent le bénéfice à préserver ou reprogrammer l’engramme mental pour réduire la perte de force musculaire, conserver la proprioception, la coordination, optimiser la guérison. Je me suis aussi rapproché d’un expert international en la matière, Aymeric Guillot, à l’Université de Lyon.

Je suis tout autant intéressé par l’aspect coaching que par le fait de comprendre comment cela se passe au niveau neurologique car l’un explique bien les concepts de l’autre. 

En 2019, j’ai quitté l’industrie pharmaceutique. Finalement assez récemment. 

J’ai créé ma société Reflex Mental en février de cette même année dans l’optique de développer la préparation mentale, bien sûr pour les sportifs de haut niveau, mais aussi sur des personnes que je côtoyais souvent dans mon milieu professionnel et que je considérais comme des sportifs de haut niveau. Il s’agit des chirurgiens, et plus largement des médecins ou infirmiers. Je les ai fréquenté pendant des années, notamment au bloc opératoire… un univers à part entière! J’ai eu cette chance de partager leur quotidien et de voir qu’ils accomplissent de grandes performances humaines, sans pour autant être parfaitement armés sur certaines compétences mentales spécifiques.

C’est sur cette base que j’ai créé un programme d’accompagnement et de formation centré sur le coaching et la préparation mentale. Comme pour des sportifs de haut-niveau. (Programme 4X4 de préparation mentale – 4 modules/ 4 compétences).

J’ai eu le soutien de Professeurs qui m’ont fait intervenir en fac de médecine et j’ai pu introduire cette notion nouvelle dans un milieu très habitué à se débrouiller seul.

Mon approche était réellement d’apporter ce que le monde du sport pouvait connaître, à leur monde scientifique, de performers qui s’ignorent.

Que ce soit dans l’aspect coaching, dans les différents sphères écologiques de l’individu (toutes les sphères qui vont avoir un impact sur la performance – l’institution, la famille, l’entraîneur, etc), ou les compétences cognitives. Ce que je fais avec les sportifs, je le fais avec les chirurgiens et inversement.

Les chirurgiens ont, comme les sportifs, développé des stratégies personnelles pour faire face à toute situation et rester performant en toutes circonstances. Un chirurgien doit pouvoir décider sous pression, réviser son plan en cas de mauvaise surprise, se reconcentrer, communiquer, et être prêt à l’instant T… bref, comme un sportif de haut niveau.

Mélanger les domaines peut être extrêmement intéressant et bénéfique pour les deux groupes. Cela me permet par ailleurs d’être un catalyseur, de les laisser aussi partager ensemble leurs « trucs et astuces » , avec beaucoup d’écoute et d’intérêt.  

 

As-tu été accompagné dans ta transition professionnelle et personnelle ?

Non, pas directement. Je n’en ai pas ressenti le besoin, en tout cas dans un premier temps.

Lorsque j’ai connu cette maladie, j’ai eu la chance de me demander naturellement “Qu’est-ce que j’ai fait pour avoir (vivre) ça ?”. Cela sera fondateur dans ma vie et ma conception du coaching.

Cela peut paraître irrationnel, mais cela m’a donné un point de départ pour être actif dans ma guérison. J’ai beaucoup observé, écouté, et fait une grosse introspection. 

J’ai compris que ce qui m’arrivait n’était pas fortuit, et que je trouverai la solution en rétablissant un équilibre physique, psychologique et social. J’ai retourné le problème en opportunité d’être (vraiment) moi-même.

Finalement, j’ai fait mon premier acte de Coaching… Avec moi-même! (Rires)

L’enseignement du Coaching m’a permis de mettre des mots sur ce que j’avais vécu durant cet épisode. 

J’ai suivi le même parcours en changeant de vie professionnelle.

Si je peux induire chez les autres cette foi en la Force dont nous disposons tous, les guider vers le réveil de ces réelles compétences internes et les voir s’épanouir, c’est pour moi la plus grande des satisfactions.

 

Comment fonctionne Reflex Mental aujourd’hui ?

C’est une SAS. J’y suis seul, mais je sais l’importance de s’entourer de compétences diverses et de points de vue, d’affinités différentes. 

C’est pourquoi je travaille avec deux coachs, et une personne spécialisée dans l’événementiel médical afin de disposer de la technologie pour travailler à distance. Indispensable compte tenu des circonstances actuelles. Cela nous permet d’avoir des projets sérieux et novateurs. Ils sont formidables!

J’accompagne aussi une stagiaire, brillante, qui est en deuxième année de médecine et prépare le DU Coaching et Performance Mentale. Ancienne footballeuse de haut niveau qui, elle aussi, est très intéressée par cette dimension psychologique dans le sport et dans la médecine.

Ce qui m’intéresse c’est comprendre les différentes dimensions de chaque personne : psychologique, physique, spirituelle. Je me laisse l’opportunité d’envisager plusieurs axes, car ce qui marche avec les uns ne marche pas naturellement avec d’autres. 

J’aime aussi, quand cela est nécessaire, orienter mes clients vers d’autres spécialistes pour compléter mon action. Un peu comme un chef de chantier! C’est aussi ce qui m’a séduit dans la démarche de Ween Hub.

Je m’adresse donc à un public de professionnels, et je me concentre particulièrement sur la performance. Celle des sportifs de haut niveau, et du milieu médical, mais aussi en tant que consultant pour le monde de l’entreprise que je connais bien.

 

Quel accompagnement apportes-tu aux sportifs de haut niveau et/ou professionnel ?

Du coaching, du management, de la préparation mentale et puis un accompagnement sur les blessures.

Au-delà du besoin, il y a un réseau. La structure a seulement 1 an et demi. J’avais des connaissances dans le milieu du rugby grâce à ma pratique antérieure donc il m’a été demandé d’accompagner de jeunes sportifs qui plafonnent, avec notamment beaucoup de demandes sur la gestion émotionnelle, la préservation de l’énergie. Egalement des entraîneurs, en coaching et en préparation mentale. A l’hôpital, j’ai pu accompagner des internes, des médecins, des chefs de service pour une prise de poste… des cas différents et passionnants.

Il s’agissait parfois de personnes qui étaient jeunes dans leur dimension de manager ou d’entraîneur, ou qui avaient encore besoin d’aide sur la fixation de leurs objectifs, sur leur communication.

La posture de coach est délicate. A certains moments, on nous réclame d’autres types de ressources et mes compétences de management ont pu être utile dans ces cas-là. Il faut aussi savoir allier les deux et bien fixer les moments dans lesquels on est dans le conseil et les moments dans lesquels on est dans l’accompagnement, qui est une démarche différente.

J’ai mis en place une formation en quatre épisodes sur une année, qui a vocation à devenir un certificat. C’est une formation qui s’appelle Parcours 4×4, comme le « tous terrains » parce que c’est ce qu’on doit être à ce niveau de performance.

L’idée c’est de proposer des modules qui vont leur apporter des compétences supplémentaires et leur permettre de faire face à plusieurs situations : la décision sous pression, la gestion de l’erreur, le stress et les émotions, la communication.

Un niveau Basic Training la première année, puis Intermediate, et enfin Expert pour ceux qui voudraient être référents dans leurs groupes.

J’ai aussi créé des outils, dont ma « Ready Scorecard » qui permet de se poser les bonnes questions et vérifier que l’on est prêt à affronter une échéance d’action. Très efficace et donne de l’autonomie aux personnes.

 

A quels besoins cet accompagnement répond-il ?

On voit que le sport de haut niveau devient très exigeant, répondant à des aspirations qui ne sont pas uniquement liées au sport. Face à cela, je considère que l’accompagnement mental peut permettre aux gens de toujours tirer le meilleur parti de leurs situations, et faire face, dans un contexte parfois dégradé. 

“Comment rester performant dans un environnement dégradé ?”

C’est ce que j’ai vécu dans mon environnement professionnel. Et le sportif doit aussi l’apprendre car il y a de nombreux facteurs qui influencent désormais la performance.

Aujourd’hui je vois que le monde du sport est très scientifisé avec des statistiques partout. Et ce qu’il faut absolument, c’est que les sportifs puissent naviguer en connaissance de cause dans cet environnement là, sans le subir, sans en être esclaves non plus. Continuer à juste se focaliser intelligemment et avec fluidité sur leurs performances et leur bien-être.

Il faut également bien se connaître pour assurer les transitions, les reconversion, les évènements de vie.

 

Qu’est ce qui a motivé ton investissement dans l’accompagnement des sportifs ?

Je souhaitais apprendre des choses et être disponible pour eux. 

L’idée c’était d’être le catalyseur qui permettrait aux individus de se rendre compte de ce dont ils ont besoin et des ressources dont ils disposent. J’ai envie que les personnes que j’accompagne réalisent leur chemin, et je n’ai pas de jugement de valeur à avoir là-dessus.

Je n’ai pas de discipline ou de sport de prédilection car ma mission ne consiste pas à comprendre cette sphère. J’ai juste besoin de comprendre ce qui permet à l’individu que j’accompagne de réaliser ses objectifs. 

Je souhaite, pour leur bien, que les sportifs Français s’ouvrent plus pleinement aux approches de ce type. L’anglo-saxon est un moins « esprit de clocher » et plus pragmatique je trouve.

Demander de l’aide est preuve d’une bonne estime de soi, et ne signifie pas que l’on est malade ou faible. Bien au contraire !

 

Pour toi, qu’est-ce qu’un accompagnement réussi ?

Il y a une chose que je fais aussi souvent que je le peux. Je demande au client de me raconter ce que l’on a fait ensemble depuis le début. 

La plupart du temps, les gens s’interrompent et me disent qu’ils ont l’impression de parler de quelqu’un d’autre. 

A partir de ce moment-là, ils ont basculé, ils se sont transformés. Ils ne sont plus du tout dans l’état d’esprit dans lequel ils étaient quand ils m’ont contacté. 

Comme je les vois sourire à l’évocation de ce passage, je sais que le chemin est encore long,  mais que le meilleur est à venir !

 

Qu’est-ce qui a fait écho dans ton parcours et tes valeurs et qui t’a donné envie, aujourd’hui, de soutenir Ween Hub ?

Benoît Moneuse m’a contacté pour le rejoindre dans ce projet qui concrétise beaucoup de mes aspirations. Donner plus de chances de réussite, franchir les caps, trouver les bonnes ressources, trouver de la bienveillance.

Je trouve cette démarche intelligente et c’est pourquoi j’ai souhaité rejoindre Ween Hub.

Je pense qu’il y a encore énormément de choses à apporter aux athlètes, et c’est un plaisir de pouvoir y contribuer. 

Je n’ai pas fait une grande carrière, mais j’étais assez doué, et je sais ce qui m’aurait été utile pour être meilleur dans la vie, et sur le terrain. Ce qui est lié. 

Ceci doit être accessible à tous ceux qui souhaitent progresser et prendre leur chance !

Les athlètes devraient avoir largement accès à Ween Hub car ils y trouveraient des ressources multidisciplinaires. Cela comprend aussi bien l’aspect physique, social, financier, psychologique, que professionnel. 

Avec Ween Hub, je réfléchis actuellement à la création d’une équipe pluridisciplinaire dans la ressource médicale. Avoir une autre oreille, un autre point de vue expert, peut être important pour les sportifs de haut niveau. Si il y a des candidats… je prends! (Rires)

 

Selon toi, qu’est-ce que peut apporter Ween Hub aux sportifs et à ceux qui ont arrêté leur carrière ?

Ween Hub va concentrer différents types de compétences, différentes visions des étapes de la vie du sportif de haut niveau. Je pense que l’on est jamais aussi performant que lorsque l’on augmente sa vision du monde. Tout seul, c’est difficile. 

Ween Hub offre ce carrefour des compétences où l’on peut venir sans forcément avoir un objectif clair, et repartir la besace pleine d’idées nouvelles pour servir notre rêve et voir plus loin. 

 

Qu’est ce que les commissions métiers t’ont apporté jusque là ?

Je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de compétences autour de moi. 

Ce qui est intéressant pour les personnes qui vont faire appel à Ween Hub, c’est que certaines compétences se croisent mais chaque expert conserve sa spécificité et pourra correspondre plus à l’un qu’à l’autre : la ressource sera toujours adaptée. 

Ween Hub peut aussi être un moyen pour porter la voix de personnes que l’on entend peu, et dont l’expérience s’avère très enrichissante. 

Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est la blessure du sportif et son accompagnement pré et post-blessure. Je pense que Ween Hub peut faire écho à ce genre de travaux. 

 

A travers cette démarche collaborative avec Ween Hub, que souhaites-tu apporter ou transmettre ?

J’ai une grande foi en les capacités internes des êtres humains et bien entendu des sportifs. 

J’espère pouvoir transmettre cette conviction et soutenir cette dynamique constructive.

 

 

Si vous aussi, vous souhaitez participer et rejoindre l’aventure Ween Hub, en tant qu’expert, sportif ou personne intéressée par notre démarche, n’hésitez plus et adhérez ci-dessous !

 

adhérer Faire un don